C’est pas nous.

manolo-blahnik-FW18-fav

Je reçois hier matin le lookbook de la collection Manolo Blahnik pour l’hiver 2018. Pour vous résumer le tableau, le gars, c’est une légende. Un peu le Louboutin (en plus vieux) de la chaussure américaine. Une institution, Anna Wintour ne porte que ça. Les chaussures sont des chef d’oeuvres et coûtent un tel prix que ce n’est plus un sujet de conversation.

Voilà.

Donc je reçois ce lookbook et je me dis en le regardant : c’est pas nous.

Notre style à nous, les françaises, je veux dire.

Il y a un truc mystérieux qui n’arrive pas à remonter le long de notre culture.

On ne s’y reconnait pas.

Cette mule de chaperon avec des gros bijoux ostentatoires, l’étoile de shériff à mille lieux de nos préoccupations (et un peu pro-Trump non?), ces trucs et ces bidules partout, ça vous fait le même effet ? Outre que les modèles sont très habillés (et que donc bon, faut reconnaître, ce n’est pas tous les jours qu’on sort), si on devait dépenser 1000 euros, ce n’est pas cela qu’on choisirait.

Et c’est fascinant à quel point cette différence de style témoigne du fossé entre nos deux cultures.

Ce n’est ni notre façon d’être sophistiquée, ni de mettre notre corps en scène.

GAZ-manolo-blahnik

D’abord dans notre rapport nébuleux  à la représentation sociale. Même si on a des origines communes avec les ricaines, on n’a pas les mêmes valeurs. Nous, les françaises, on s’en laisse pas conter. Outre-atlantique, elles ont la frivolité de croire en la puissance de la soie et des bijoux, comme sur ce modèle ambiance rideaux. Bah nous,  ce côté « attributs royaux », ça nous laisse coi. On lui a coupé la tête à notre roi. Alors, les symboles de l’aristo au-dessus des autres, ça nous passe à 3000 voire ça nous fout les rognes.

DIAGHI-manolo-blahnik

Il y a quelque chose dans la culture française qui ne veut pas s’en laisser conter. Voilà tout. Les fioritures, les frivolités, les lacets partout, les heures à enfiler une paire, c’est du temps gâché. Comme si la vie devait être prise plus au sérieux. Comme si la mort était si proche qu’il fallait avant tout faire autre chose que de s’harnacher de rubans et de fanfreluches. On est chiant, quoi, en un mot.

ELESTORIA-manolo-blahnik

Faut des plombes pour être copain avec nous, on commence d’abord par être désagréable pour ensuite être attachant, et on préfère un truc noir qui va durer longtemps plutôt qu’un truc brillant qui va durer aussi longtemps. On est trop chiant.

Mais faut avouer que même en prêchant les chaussures dorées (ce que je fais à longueur d’année), ça ne me viendrait pas à l’esprit de m’enfiler une paire d’escarpins d’académicienne comme ça. Ça fait rêver qui les vieux croutons du dictionnaire ? (rhou la vilaine)

highresFilename101

Et puis plus profondément encore, cette différence se love dans notre rapport au corps, à la séduction et bien sûr à la sexualité. Ça n’a jamais rigolé les chaussures, elles disent tout. Les ricaines, elles sont zinzins de mules, c’est leur côté playmate puritaine.

Manolo-blahnik

Dans un pays où l’on peut aller en prison pour avoir dragué à la machine à café, laisser son pied faire clap clap à la barbe des hommes, c’est une manière subliminale de communiquer entre corps non ? Un peu comme à la Belle Époque quand dévoiler une cheville revenait à mettre sa culotte sur la tête.

RIMOV-manolo-blahnik

Après, je dis pas, c’est joli hein. Ces petites sandales en léopard avec perles en rang de bananes, j’en ferai bien mon 4h.

BARASHKOV-manolo-blahnik

Et ces bottines rayées, mon dîner. (Note du Docteur : voyez cette légère courbe dans la rayure qui vient s’épaissir en arrivant à la semelle ? Une maestra optique.)

Mais bon, pour tout vous avouer, j’avais une tante qui disait que la soeur de sa mère avait eu une histoire avec le frère d’un gars qui avait vécu aux Etats-Unis, donc je dois avoir quelques gènes américains.

Love you all !

Je crois qu’il faut le reconnaître, ce post touche au génie. Partagez :

5 commentaires

  1. Rouletabille - 18 juillet 2018 - Répondre

    C’est drôle je ne serais pas aussi sévère vis à vis des chaussures d’académicienne, les seules à me faire (un peu) rêver, avec les bottines bleues de cosaque dont tu ne parles pas … Mais effectivement tout ça est absolument importable en termes de confort, j’ai autre chose à faire que de vaciller toute la journée en me bousillant le dos …. Mon côté Française râleuse sans doute

    1. Dr Shooooes - 19 juillet 2018 - Répondre

      @Rouletabille Ton côté PRATIQUE qui ne veut pas se laisser enfermer au nom d’une soi-disant élégance, tu veux dire :) Qu’on arrête de nous traiter de râleuse quand on veut juste être libre ! bises

  2. Sophie - 20 juillet 2018 - Répondre

    J’aime beaucoup l’image de la « playmate puritaine », c’est tout à fait ça !
    Photo prise il y a quelques jours à Las Vegas.
    Love :)

  3. Sophie - 20 juillet 2018 - Répondre

    De plus près …

  4. Marie - 26 juillet 2018 - Répondre

    Quand j’étais ado, je regardais Sex and the city, et Manolo Blahnik me faisait rêver : je voulais être comme Carrie ! Maintenant que je pourrais éventuellement en acheter une (leurs soldes sont très intéressantes), je préfère les contempler que les posséder.

    En tout cas, quel plaisir de vous lire !

    Marie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *



Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com