Quel long silence. Ce qui devait m’offrir une voix me l’a éteinte. J’admire ceux qui sont capable de prendre la mode de plein fouet et de l’analyser dans la foulée. Moi, je suis vidée de mon jus. Je n’ai plus rien à dire. Comme si vous aviez passé les deux dernières semaines à parcourir les musées parisiens en rencontrant tous les gens avec lesquelles vous travaillez, ou avez travaillé, depuis 10 ans.
Ce petit incipit pour me faire pardonner à l’avance ce post un peu fleuve. Il est à l’image de mon cerveau, sinueux ! Ça fait 3 jours que je compulse et remue ces images dans tous les sens sans plus savoir comment les prendre.
Puis j’ai décidé de choisir une question et de laisser couler : qu’est-ce qui m’a le plus enthousiasmée ?
Les souliers qui racontent des histoires merveilleuses d’une part. De l’autre ceux qui vont me permettre de raconter la mienne sans me piquer la vedette. Des souliers qui serviront ma silhouette et que je n’aurais pas besoin de servir moi. Des souliers gentils et aimants pour colocation durable et sereine.
Ainsi, ces escarpins en cuir verni vert signés Pierre Hardy. Délicieusement féminins avec leur bride cheville, le talon biseauté casse un peu leur allure bourgeoise et la couleur flashy azimute le reste. Je les veux miens au printemps prochain.
Coup de coeur pour ces souliers brodés de fleurs signés Tabitha Simmons. Totalement immettables dans une vie normale, ils me font le même effet que lorsque je vois Alice passer de l’autre côté du miroir. C’est joyeux, fascinant, c’est un trouble lié à l’enfance, c’est le fantasme d’une autre vie. (oui oui tout cela dans ces fleurettes de cuir).
Même joie mêlée de désir pour ces trésors de bottines conçues comme une tapisserie de fleurs et signées Laurence Dacade.
Et sinon, je dis oui aux joujoux de pieds. Je pense que nos chaussures méritent elles-aussi qu’on les couvre d’or et de diamants et qu’on leur offre une vie qu’elles n’ont pas. Une idée d’Olivia, créatrice de la marque Apologie.
En route vers les humanoïdes ? À première vue, les sandales à semelle épaisse du défilé Chanel semblaient éclairées de l’intérieur (wouha si tout le monde pouvait être comme çà tiens !) (la coquine). Ce n’était pas qu’une impression : Laurence Dacade, la créatrice des souliers de la maison, nous en donne la preuve avec cette photo. Via un orifice-plug dans la semelle, les mannequins se font effectivement charger avant de défiler. Les pensées déplacées ne sont pas les bienvenues merci.
En voyant les ballerines du défilé Mi Miu, je me suis dit que j’allais pouvoir me fabriquer un truc semblable l’été prochain. Puis je me suis souvenue que j’étais incapable de faire quoi que ce soit de mes 10 doigts (à part clavioter).
Assortir son collant à l’imprimé de ses chaussures comme chez Dries Van Noten. Pourquoi est-ce que le monde n’y avait pas pensé avant ?
Parce que c’est quand même plus facile que d’assortir ses cuissardes à sa robe Emmanuel Ungaro.
J’ai constaté qu’il y avait trois grands mouvements dans la mode en ce moment : ceux qui cherchent (et parfois se plantent), ceux qui aspirent à la perfection (et frôlent l’ennui) et ceux qui provoquent (pour faire diversion).
Chez Vanessa Seward, on emprunte leurs lignes aux seventies parce qu’elles sont à jamais les plus belles. Côté souliers, c’est simple, sans emphase, ça se désire parce que tout le mérite en revient à la simplicité et à sa luxueuse exécution. Mais ça plombe, toutes les dizaines même la vingtaine, non ?
La simplicité est rentable : elle diffuse ses lignes à l’identique dans plusieurs maisons… Ici chez Sonia Rykiel, on retrouve cette même sandale aux brides légères et à la forme emboîtante.
Chez ceux qui cherchent en touillant les messages, il y a Stella Mc Cartney. Pour l’été prochain, elle a mélangé en haut la K-Jacques, au milieu la Birkenstock et en bas la running. Un mille-feuille de mode que je trouve plutôt digeste.
Quand je parlais de provocateurs, voilà. J’ai d’abord été éblouie par ces tatanes, puis comme un marin loin des chants de la sirène, j’ai réalisé quelques heures après que je m’étais faite ensorceler. Qu’y avait-il au dessus des genoux de ces grandes femmes bottées ? Pas grand chose. Je m’étais faite berner. Ces bottes-sandales-spartiates-cuissardes-à-semelle-piquots-de-claquette-de-piscine sont trop biscornues dans leur concept pour être honnête.
Dans le genre claquette de piscine qui s’assument, je préfère les Chloé.
D’ailleurs, le scoubidou fait des émules. Il est le symbole de l’été 2016 chez Pierre Hardy.
Ce que j’ai vu et revu, ce sont les mules plates. Pas forcément les babouches, comme ici chez A.P.C (silhouette en manteau) ou les petits chaussons asiatiques à fleurs de plastique signés Balenciaga, mais les chaussures d’hommes transformées en mule. À la limite du chausson. On en avait vu chez Gucci à Milan, il y a en a chez Robert Clergerie.
Et dans une autre version aperçue chez plusieurs maisons, ici Louis Vuitton, le derbies « sling back », ouvert sur l’arrière. Une nouvelle interprétation du masculin au féminin. Pourquoi pas… Va falloir prendre un abonnement chez la pédicure, gare aux talons rugueux.
La féminité n’a pas disparu, certaines marques, comme Bionda Castana, en font une vraie régalade. Des escarpins en tulle et Vichy pour pique-nique romantique.
Ensuite, on entre dans la zone expérimentale, avec des shoes non-identifiées qui sont peut-être le point de départ créatif d’une nouvelle esthétique. Boucles et multiples tours de cheville comme ici chez Sacaï trouvent un écho…
…chez Dior : talon rond et large qui contraste avec le bout ultra pointu, boucles, tours de cheville élastiqués. Comme je le disais sur mon Instagram, en jargon mode, on ne dit plus « c’est bizarre » mais « c’est très intellectuel ».
Chez Margiela (par John Galliano aux manettes), on met carrément sa culotte sur la tête. Pardon. Son collant sur ses escarpins. Le concept du talon difforme est-il un hommage aux corps difformes, c’est-à-dire tout simplement différents ? Ce serait possible avec ce fou-fou de Galliano, et plutôt un joli message.
Qui a mis du plexi transparent entre les mains de J.W.Anderson chez Loewe ? On ne voit plus les chaussures ! #ennemipublicn°1
En termes de couleurs, l’orange corail est la couleur élue du printemps prochain. Comme ici chez Céline. Voilà, je suis sûre que vous alliez me le demander.
Et comme vous avez pu le constater avec la bottine précédente, l’été sera apparemment très pluvieux. Slimane chez Saint Laurent n’hésitant pas à chausser ses mannequins de bottes en caoutchouc. Googlez « festival de Glastonbury » pour comprendre sa démarche.
Quand certains développent l’austérité et s’attachent plus à créer des silhouettes qu’à développer des formes, d’autres aiguisent notre sens de l’humour et déclenchent une vague de nostalgie chez les trentenaires. Nicolas Kirkwood, pour fêter les 10 ans de sa marque, s’est inspiré de l’imagerie de son enfance dans les années 80. Pac Maaaan !
Une esthétique que l’on retrouve chez Miu Miu, qui elle, rend hommage à David Bowie en célébrant les 70’s.
Une obsession partagée par les gens de la mode et symptomatique de notre société : le désir de prendre de la hauteur. Juste histoire de visionner la réalité avec un soupçon de recul. On a essayé avec des talons aiguille, mais les femmes ne pouvaient plus marcher. Alors, la nouvelle technique, c’est de se hisser sur des semelles plateformes. Serait-ce la solution ? On ferait mieux d’aller chez le psy oui.
Francesco Russo, le nouveau chouchou des-gens-qui-aiment-les-chaussures, propose une version simplifiée du concept « prendre de la hauteur » : cuir grenadine (ah oui ! ne dites plus rouge mais grenadine) (pas ma faute), velours nude et le nouveau noir : le léopard.
Après réflexion, je pense qu’une chaussure colorée, avec des mélanges qui caressent ma pupille, est ce qui me fait le plus vibrer. Comme ici, ce mix de grenadine (ahaha) chez Laurence Dacade. Peu importe la forme, pourvu qu’il y ait l’ivresse !
(message subliminal de comment finit une fashion week)
Bon ben y’a pas à tortiller, je commence à économiser pour les Pierre Hardy vertes. Et un vélo électrique (mais c’est hors sujet).
Et oui oui, je sais que j’ai dit que la bride cheville n’était pas faite pour mes gambettes, mais on verra dans quelques mois à l’essayage. Au pire, j’aurais déjà des sous pour m’offrir une autre paire (voire deux…).
@Gaëlle Un vélo électrique ahaha ! ;)
Je ferais bien tapisserie avec Laurence Dacade, oh oui
I bow down humbly in the presence of such grtesneas.
Bon bah moi aussi je vais m’enHARDYr au printemps ! :-)
mais je rêve, ou YSL (pardon, Saint-Laurent) en est réduit à faire du AIGLE?? (pour bcp plus cher, je présume..) :-)
Ben je trouve qu’il y a moins à retenir que lors de celle de Milan… Merci pour le compte-rendu ;)
Hello Mathilde,
Quand je vois ça je me demande pourquoi je reste bloquer sur la planète « les couleurs aux pieds me gênent pour marcher »… Il faudrait que j’essaye autre chose que les pistol noires d’acne … Merci pour le billet !
Pour le coup, je vais m’en tenir aux lignes pures d’APC et de Vanessa Seward. Faut croire que je vieillis, parce que tout le reste, bof.
Bon, soyons honnête, sus à la langue de bois, dans le lot y a quand même des trucs (que je trouve) bizarres/moches/bizarromoches.
Genre, la sandale McCartney (Hey Jude, pourquoi tu fais ça ?). Moi je ne la trouve pas du tout digeste, pas plus que la botte/cuissarde/spartiate passée au Tipex… C’est moche les gars, c’est moche, alors ok c’est conceptuel, c’est peut-être les shoes du futur et tout (pour quelques mannequins et autres rédactrices en quête de crédibilité street-style peut-être… et encore), mais franchement c’est MOCHE, voilà, je l’ai dit, ça ne me fait pas rêver.
En revanche.
MERCI pour la couleur, déjà, l’hiver n’a pas encore commencé que le noir me sort par les yeux. (Et pourtant j’adore le noir, pas de méprise.) Mais je mettrais bien mes orteils au vert avec Pierre Hardy, même si pour ça je dois vendre un ou deux reins, enfin non pas deux ce serait emmerdant quand même.
D’autre part, chez Tabitha Simmons c’est la grâce absolue, la version beige genre j’ai piqué des fleurettes dans mon panier en osier, c’est frais, c’est joyeux, charmant, féminin (parfois en disant « fémininé j’ai l’impression de dire un gros mot), et presque enfantin effectivement, je suis d’accord avec toi Mathilde. Bref c’est superbe, c’est con mais fallait y penser.
Je retiens aussi les Bionda Castana, et, ô merveilles, les boots brodées de Laurence Dacade, elles sont vraiment très chouette et me mettent de bonne humeur.
Le mix grenadine/léopard, c’est trop cool. Faudra y penser l’été prochain !
I find the older I get, the easier it is to BE peace. Any thought that disturbs the peace deserves to be questioned. Upon inquiry I generally find those thoughts aren’t really true for me, but conditioned responses. I’ve learned to let go of stuff that disturbs my peace ever more easily all the time. It works about like exercise does for strength training.
Hormis le talon pour la vie quotidienne, je trouve les Tabitha Simmons très portable. Dans le genre coloré les Laurence Dacade « wonderful ». J’aime toujours les chaussures Pierre Hardy le talon fait souvent la différence, mais je vais attendre que ça baisse un peu… après avoir fréquenté les ventes privées de Karine Arabian on va se calmer gentiment et surtout vider un peu son armoire !
Merci pour la collection tres sexy ! bn courage !
Ce blog est un lieu de perdition. Je veux les Pierre Hardy. C’est tout. elles ne sont pas sur le e-shop noooooo. C’est mes yeux où elles ressemblent tout de même un peu, l’air de rien, aux fameuses Tango de Valentino?
@Madame Ganache Voui, c’est vrai. Et le prix des chaussures est indécent…
je m’auto-commente (narcissisme ultime) mais tout de même, 600€ ces petits choses P. Hardy, il est gourmand l’ami!