Que faire pour être vendu chez Colette ?

Pas facile de se lancer dans la chaussure.

Des années 90 au premier quart du XXIème siècle, le marché de la chaussure (et de l’accessoire en général) sera passé de l’état de « gentil fourmillement» à celui de « saturation totale ». Et la création de « débridée » à « extrémiste ».

Ces cuissardes Sophia Webster en sont un magnifique exemple.

Je ne suis pas une vieille schnock de la mode et pourtant, j’ai assisté à ces changements.

En 2003, je travaillais à l’Officiel de la Mode en tant que responsable des accessoires depuis environ deux ans. J’étais la petite minotte qui faisait entrer les nouveaux créateurs dans les pages du journal. Pierre Hardy était notre coqueluche.

C’était le bazar dans les bureaux mais c’est comme ça que l’air du temps affleurait jusqu’à nos lèvres. Et un jour, on a dit qu’il y avait de plus en plus d’accessoires, qu’on assistait à un vrai changement et Marie José Jalou (la chef) a lancé « on devrait faire un hors-série de l’Officiel 1000 modèles sur les accessoires, avec tous les sacs et les chaussures de la saison. Mathilde, vous partez à Milan ». C’était une semaine avant la Fashion Week. Nous sommes allés dans les show rooms des grandes maisons italiennes photographier leur collection. Ils avaient déjà tous une bonne centaine de prototypes à montrer. Au moins une pièce entière consacrée à ce sujet. L’année d’après, c’était un étage entier, où des show rooms de 400 m2 proposaient plus de 500 prototypes.

Aujourd’hui, quand on est un petit, rivaliser avec la force de frappe des grandes maisons telles que Prada ou Louis Vuitton est quasi impossible.

Pour vivre aux côté de ces géants, deux possibilités. Ne pas jouer sur leur terrain, en proposant des solutions de vente plus personnalisées ou… Envoyer du pâté niveau créa., et réseau.

Après l’ascension rapide de Charlotte Olympia et Tabitha Simmons (toutes deux aidées par leurs puissantes connections), la nouvelle recrue est Sophia Webster (vendue chez Colette donc). Niveau réseau, elle est l’assistante de Nicholas Kirkwood, l’un des chausseurs avec la cote la plus élevée actuellement. Lors du show room de Nicholas pendant la FW de Paris en mars dernier, il avait filé  le premier étage à Sophia pour qu’elle expose ses collections. Sympa.

Niveau créa., on hume la patte de Nicholas Kirkwood (ou est-ce sa patte à elle chez Nicholas ?). Moins constructiviste, plus girly que Nicholas, on sent très fort chez Sophia la folie anglaise, l’exubérance, le cheesy, les trucs qui brillent, les meufs à poils en plein hiver. C’est fun et délurée. Ses pompes, c’est comme le mec de la pub Coca Cola Light, on les veut. Pour longtemps ? Pas vraiment.

Voilà comment on lutte face à Miuccia Goliath, on se transforme en gros gâteau à la crème très désirable. On surenchérit. On fait confiance à la rage des clientes pour se procurer de la shoes fraîche. Le plus dur sera de rester.

Je ne cache pas que lorsque j’ai découvert la collection, j’étais en ébullition :

Découpes, plexi hologramme, noeuds avec des boules aux bouts.

Léopard bico, résille, volants.

Plexi, pois, couleurs métal.

Ces chaussures : c’est pas mon style, ma raison dit non… Bah j’ai quand même mon coeur qui palpite quand je les vois (et je vais me précipiter à la fin du mois pour voir sa collection de l’été 2014).

Les créateurs ont de beaux jours devant eux. Colette aussi.

À 10 millions de partages, je me mets toute nue en Loubout’ à Répu.

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