Pourquoi est-ce qu’on ne trouve pas en boutique les chaussures des magazines ?

pressemagazine

Les échantillons presse qu’on me prête pour réaliser mes pages de mode dans les magazines seront-ils vendus en boutique ?

Attention, aujourd’hui, on arrête de rigoler. On touche au cœur de notre désir, alors c’est du sérieux.

J’ai reçu cette question ce matin par mail. J’ai répondu à Françoise, puis je me suis dit que cela pouvait intéresser d’autres têtes chercheuses trop souvent déçues.

Après avoir vue une paire de bottes Lacoste dans le Biba de décembre, Françoise ne s’est rendue en boutique que pour s’entendre dire la chose suivante « cette paire est un proto ! ». Bref, elle n’existe pas.

Françoise m’a aussi gentiment demandée si c’était, nous, les journalistes et stylistes, qui recevions en cadeau ces paires venues des podiums de la Fashion Week. Non. Les mannequins parfois, oui. À l’issue du show, certaines grandes maisons aux moyens importants peuvent se permettre de distribuer la cinquantaine de paires aux modèles. La plupart du temps, ces prototypes vont voyager dans le monde entier pendant presque six mois pour les shootings des magazines. Puis ils iront dormir dans les archives des maisons. Au passage, quelques chanceuses auront peut-être une paire… Mais cela n’a pas grand intérêt (déjà, il faut faire du 40 !), les souliers étant très abîmés par les dizaines de prises de vue aux quatre coins de la planète.

Comment est-ce possible de ne pas trouver en boutique les chaussures des magazines ? Une enquête esqueclusive du Dr Shooooes.

En vrai de la vérité, tout est affaire d’image et de communication.

Lors des Fashion Week, les marques défilent et s’installent dans des show-rooms. Elles présentent leur collection (de prototypes) à l’ensemble des journalistes et acheteurs internationaux. Les ventes ont lieu dans la foulée, voire au même moment. Il est ainsi possible qu’une maison propose un modèle qui ne sera acheté par aucun point de vente – surtout dans le cas des franchises, à l’instar de Lacoste, qui veillent avant tout à préserver leur chiffre d’affaire plutôt que l’image de la marque en diffusant des produits « mode » qui se vendront plus difficilement – et qui ne sera donc pas fabriqué et restera, alors, à l’état de proto. Si la maison ne mène pas une politique très très rigide auprès des journalistes, les empêchant de communiquer sur les modèles non produits (mais c’est difficile de contrôler le monde entier), on se retrouve dans les magazines avec des chaussures qui n’existent pas !

Mais que faire ? Montrer ces modèles et diffuser une image forte ? Ou les masquer pour s’assurer qu’il n’y aura pas de déception de la part des clients ?

Et puis, sinon, il y a le cas des marques qui produisent des modèles uniquement pour la presse. Pour booster leur image, pour faire parler d’elles. Généralement, elles fabriquent ces échantillons mais dans des quantités très réduites. Pourquoi ?Parce qu’au final, peu de femmes iront acheter ces sublimes escarpins à talons aiguilles en vernis léopard rose fluo ornés d’une maxi fleurs sur le cou-de-pied.

Pour combler cette frustration, un site américain, présent maintenant en France, propose un service de « pre-order ». Il s’agit de Moda Operandi. Au moment des Fashion Weeks (et toute l’année avec les trunk show, collection croisière, pre-collection…etc), vous allez sur le site et commandez les pièces (vêtements ou accessoires) que vous avez vu défiler. L’intérêt ? Le revendeur Kenzo ou Proenza Schouler à côté de chez vous n’aura peut-être pas commandé pile le manteau ou l’escarpin dont vous aviez envie. Avez Moda Operandi, vous commandez et obtenez réellement ce que vous avez vu défiler. Comment ça fonctionne ? Vous versez un acompte et entre 4 et 6 mois plus tard (le temps de produire), la pièce ou la paire est livrée chez vous. Et vous serez peut-être la seule au monde à la posséder !

En même temps, c’est un gros coup de pouce pour les jeunes créateurs car cela leur procure les fonds pour avancer les sommes auprès des usines. Le concept est bon et cartonne aux USA, mais personnellement je ne l’ai jamais utilisé (il faut avoir les moyens de s’acheter du créateur ou du luxe!).

Alors, en conclusion, vous préférez avoir la possibilité de posséder tout ce que vous voyez ou offrir, parfois, à vos seuls yeux la chance d’apercevoir de belles chaussures ? C’est un peu comme un tableau. Mais la shoes n’est pas de l’art, certes, certes.

Certes ?

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6 commentaires

  1. Loulou - 12 janvier 2014 - Répondre

    J’ai toujours trouvé les chaussures de créateurs en boutique, par contre, il est dommage d’apercevoir quelques modifications. Par exemple, la cuissarde bien haute qui devint une pitoyable genouillère. Les cuissardes open toes A/H2009-10 de la marque Paule Ka ont-elles réellement été produites ou sont-elles restées à l’état de proto ?
    Cepndant, en lisant un jour un mag féminin, j’ai adoré une paire qui datait d’une saison, donc plus disponible en boutique. En me rendant, à la vente privée de la marque, les shoes étaient là à 60 euros et non plus à 380 ! La belle affaire ! C’est surtout le décalage entre collection presse et commerciale qui est parfois effarant.

  2. Loulou - 12 janvier 2014 - Répondre

    Je voulais dire le décalage entre les collections presse de pap et les collections commerciales qui arrivent en boutiques. Parfois, malheureusement, c’est très différent.

  3. Axelle - 14 janvier 2014 - Répondre

    Et sinon, il y a : selectionnist
    pour retrouver des chaussures en photo dans un magazine de mode : http://bit.ly/1kA8YAM

    elles y sont presque toutes sauf les proto apparement…
    en tout cas merci pour ces infos !

  4. LaViiieEnRouge - 14 janvier 2014 - Répondre

    Génial cet article. Merci pour ces informations.

  5. Élodie Laetitia - 24 janvier 2014 - Répondre

    En tant que fille qui se ruine sur Moda Operandi, je peux témoigner de leur service incroyable. Il faut mentionner que si les créateurs ne reçoivent pas assez de commandes (retailers + pré-commandes), il se peut que les produits ne soient jamais produits justement, c’est l’un des risques. Mais pour avoir commandé à plusieurs reprises pour avoir la garantie de me procurer certaines pièces, je crie haut et fort à qui veut l’entendre que ça vaut le coup (le coût aussi. haha.), particulièrement pour les pièces un peu flyées qui risqueraient de ne se retrouver que dans un tout petit échantillon de revendeurs, et dans une sélection de mini-tailles ou pointures.
    Et puis personnellement, quand j’ai un coup de foudre, j’aime le satisfaire immédiatement. Pouvoir réserver mes fringues de la saison prochaine quelques heures après être sortie du défilé, ça me rend extrêmement zen.

  6. Luck Now - 10 mars 2014 - Répondre

    Les boutique de chaussure se font de plus en plus nombreux de nos jour, et de plus en plus divers aussi. A nous de les compare et de bien choisir les vrais leader dans ce domaine.

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