C’est pas raisonnable.

cathkidston

Pourtant, ces chaussons me font rêver.

Et ce qui me fascine, c’est 1/ la façon dont vous fixez cette image avec horreur. 2/ la façon dont vous fixez cette image avec douceur.

Pourquoi ? Parce que ces chaussons nous parlent. Ils font partie de notre imaginaire commun et chuchotent des trucs à notre bien-pensant vestimentaire.

Quelle force sans pitié m’a précipitée sur ce panier pleins de mules en peau bleu layette brodée de fleurettes débiles ? Quel démon a ouvert mon porte-monnaie  pour payer une fortune (franchement, il faut reconnaître que ce n’était pas raisonnable) des chaussons qui vont briser ma carrière de Dr ès Shooooes aussitôt le bouton « publier » pressé ?

Ils me rappellent mon enfance, les porte-monnaies en perles de plastique colorées, les petites fringues de poupées, les trousses et objets d’école nouvellement débarqués de Chine, ils me font voyager avec leurs petites fleurs style rouskaya, m’ouvrent les portes de la datcha en bois et des couronnes de tresses blondes que je n’aurai jamais, ils ont un côté ménagère 50’s qui porterait des dessous affriolant en soie dragée façon Fifi Chachnil  (spécialiste de la lingerie retro méga incendiaire) pour traîner à la maison… Bref, ils véhiculent tellement de clichés que c’en est presque gênant. Mais c’est ainsi que je suis faite.

Ces chaussons, c’est une vie loin de moi, loin des délais incompressibles et tellement stressants (le journal doit bien sortir), des strapontins de métro ou des courriers à en-tête des impôts.

Ces chaussons, c’est un monde qui n’existe pas.

Vous vous demandez surement d’ou sortent ces horreurs/adorables-petites-choses. Hier, j’étais à Londres. À la gare de St Pancras, je suis passée devant une boutique Cath Kidston. Une marque qui pétri le kitsch anglais jusqu’à le rendre bobo et à laquelle je voue une incandescente fascination.

Imaginez ma déception quand, une fois avisé de mon achat, mon cher et tendre a livré sa version, telle une sentence : « ça fait commère, je déteste. »

Je crois qu’il faut le reconnaître, ce post touche au génie. Partagez :

9 commentaires

  1. Mili - 3 février 2014 - Répondre

    J’aime tellement! mes chaussons sont toujours de ce style là.

  2. Naomi - 3 février 2014 - Répondre

    J’adore. C’est tendre et désuet. Et je milite pour que ce monde de cynisme et de violence soit plus enclin à vivre au premier degré, à rêver de champs de fleurs et de papillons et de bergères et de petits ramoneurs.

  3. Lise Huret - 3 février 2014 - Répondre

    C’est un tel régal de lire tes textes… Et ces chaussons donnent envie de prolonger le week-end indéfiniment :)

    1. Mathilde Toulot - 4 février 2014 - Répondre

      @Lise Huret Merci pour tes gentils mots :)

  4. Claire - 3 février 2014 - Répondre

    J’ai personnellement un regret éternel pour une paire de chaussons chat achetés chez Topshop, plutôt sobres (pour des chaussons chats ) que mon très cher n’a jamais validé non plus? Je les ai porté jusqu’à ce que la semelle partent en lambeaux…

  5. Olivier M. - 3 février 2014 - Répondre

    J’ai regardé, l’image et bien que ces chaussons ne me plaisent pas forcément, je n’y ai vu aucune « horreur »…
    Ils me semblent plutôt mignons, non ?

  6. Sophie - 3 février 2014 - Répondre

    Et ça doit être horriblement confortable et douillet. Ces chaussons peuvent se vanter d’être évocateur. Tous les souliers ne peuvent pas se vanter d’une telle lourdeur sentimentale et nostalgique.
    Je viens de redécouvrir que les petits porte-monnaies ont existé en dehors d’un vague souvenir. Merci!

  7. elise - 5 février 2014 - Répondre

    Dans la même veine il y a aussi la marque Tom Joules, coloré, kitch, assumé, anglais !

  8. Thomas T - 7 février 2014 - Répondre

    Serait-il raisonnable de se relire avant de publier ? J’ai mal à ma grammaire…

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