J’ai écrit un livre.

J’ai écrit un roman.

Je cherche maintenant un éditeur et je trépigne de vous le partager !

Alors j’ai pensé… Et si je vous offrais quelques extraits « bonus » en attendant sa publication complète ?

Bonus parce que ce chapitre que vous allez lire n’est plus dans le livre.

« Kill your darlings  » disent les auteurs anglo-saxons quand on adore un passage mais qu’il n’est pas utile à l’histoire. Ça fait un mal de chien mais c’est pour le bien général.

Avant de vous laisser lire tranquille, j’anticipe une question.

Pourquoi les chaussures ?

Parce qu’il me semble depuis longtemps (Shooooes a dix ans cette année !) qu’on peut aborder les sujets qui nous bouleversent d’un angle follement léger et superficiel en apparence : les chaussures.

Elles en savent autant voire plus que nous sur nous.

Nos chaussures sont les témoins les plus intimes de nos vies. Elles connaissent le jour de nos règles, le nombre de cacas par semaine, les matins où on chiale en cachette du monde, ceux où l’on flirterait avec la terre entière, les secrets qu’on confie le soir en terrasse, les mensonges qu’on débite le feu aux joues, les banalités du quotidien et ses feux d’artifices.

Voilà pourquoi je les ai choisi pour raconter mes personnages. Elles sont leurs voix.

Bonne lecture ! Et dites-moi ce que vous en pensez.

Les sandales multibrides en satin Lilas

(À talons aiguilles)

            Violette est folle. Il fait huit degrés. Il pleut tellement que le trottoir est luisant et c’est moi qu’elle a choisi pour sortir. Moi, son unique et adorée sandale de luxe, sublime créature composée de quelques brides légères laissant le pied à nu. Moi, dont le nappa est aussi délicat que la peau d’un nouveau-né. Moi, dont les aiguilles sont si vertigineuses qu’elles empêchent tout mouvement spontané. Je suis une fille qu’on enfile pour faire la belle, aller dîner dans un restaurant à moquette avec une douce brise d’air conditionné. Je suis sensible au macadam, à l’eau, au sable, au gravier, aux pavés, je suis la Princesse au petit pois des chaussures. Alors pourquoi est-ce que je me retrouve sous ces trombes d’eau ? C’est pourtant bien connu qu’on met une bottine quand il pleut en automne à Paris, on ne devrait même plus avoir besoin de le dire à son âge. Sa semelle a dû se décoller de son cerveau.

Tout a commencé hier soir. D’habitude, le lundi, on regarde Charmed en mangeant des Chipsters sur le lit, M6 diffuse deux épisodes. C’est sacro-saint. Au lieu de ça, Violette a remonté sa valise d’été de la cave, en a extrait la robe dos-nu en satin jaune achetée à Marseille lors de la dernière canicule. Puis, encore plus étonnant, elle a sorti du carton le fer à repasser que sa mère lui a offert pour Noël. Elle a étalé une serviette au sol et jusqu’à vingt-trois heures, Violette a repassé chaque pli de la robe. Une fois le tissu aussi lisse qu’une semelle neuve, elle a pendu le vêtement sur un cintre, m’a placé dessous, a fait un pas en arrière pour nous considérer toutes les deux. On lui a plu. Sans même regarder la fin de Charmed, elle a étalé un masque épais sur son visage et a éteint la lumière. Ce matin, elle s’est levée une heure avant la sonnerie habituelle du réveil, s’est lavée les cheveux alors qu’on est mardi (elle a même utilisé le sèche-cheveux) puis s’est maquillée avec la minutie du Nouvel An.

Violette et moi, on n’était pas faite pour se rencontrer. C’est le destin qui a tout manigancé. Le jour où l’on m’a emballée dans un magnifique papier cadeau accompagné d’un bouquet de cinquante roses blanches, j’étais destiné à Mélanie Bourgeon, la directrice de la mode de Supreme Mode. Un cadeau de mon créateur pour la remercier d’une belle parution dans le numéro de septembre. Sauf que tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Ce fut difficile à avaler pour moi, il faut bien l’avouer, mais, en un mot… Je n’ai pas plu à Mélanie Bourgeon. « On dirait une chaussure de cagole de Toulon, non ? » elle a dit à son assistante qui a répondu du tac au tac « Horrible, t’as qu’à les filer à la stagiaire, c’est son style ». La cheffe me tenait en l’air devant elle en gloussant. Elle a plissé son nez et ses lèvres se sont retroussées, derrière il y avait une rangée de petites dents pointues et encore derrière, une haleine pas commode.

– T’es méchante, mais t’as raison. Elle m’a balancée dans la boîte d’un geste brusque. Va lui apporter.

– Si ça fait plaisir et que ça débarrasse, l’œil de l’assistante frisait tandis qu’elle refermait le couvercle sur moi.

Un véritable affront.

Voilà comment j’ai emménagé dans le studio de Violette dans le vingtième arrondissement de Paris. Je rêvais d’appartenir à une patronne puissante et riche, d’évoluer sur des moquettes en cachemire et des parquets tricentenaires classés au Patrimoine. Désormais, j’habite dans une bibliothèque Ikea entre Marguerite Duras et Bridget Jones. C’est peut-être mieux qu’un placard de luxe car je suis choyée.

Sauf ce matin, Violette avait le démon. J’ai eu le droit à tout. D’abord, le trottoir noyé d’eau sale et de pipi de chien qui a imbibé jusqu’aux tréfonds de ma première semelle. Les doigts de pied de Violette étaient bleus de froid. Faut dire, elle était nue sous sa robe. D’en bas, j’apercevais son string des grands soirs, celui qui annonce un programme chargé. Où est-ce qu’on allait, par Saint-Crépin. En arrivant à Jourdain, elle s’est engouffrée dans le métro. Je n’y avais jamais mis un talon. Violette marchait au ralenti à cause de ma hauteur. Dans la rame, il n’y avait pas de places assises, elle est restée debout, les jambes branlantes. Les voyageurs nous dévisageaient avec des têtes de chouettes insomniaques. Je ne savais pas ce que je faisais là non plus. C’était absurde. Huit stations plus tard, on a remonté un couloir venteux pendant de longues minutes, elle tenait sa robe qui s’envolait. On a repris un autre métro, tout aussi plein. Son cinquième orteil était au bord du coma sous la raideur de ma bride. À la station Palais-Royal, on a enfin immergé. Il grêlait. Les agents avaient balancé du sel dans les escaliers, les petits cristaux se sont enfoncés dans la chair de ma semelle. Elle voulait ma mort.

De l’autre côté de la rue, j’ai aperçu un attroupement de berlines noires (surtout des allemandes, comme j’aime), une accumulation de gens en lunettes de soleil malgré la météo et des flashs, beaucoup de flashs. J’ai compris tout de suite mais je ne pouvais pas y croire. Ce n’était pas possible que ce soit ce que je pensais. Mon cuir s’est mis à battre la chamade. Une femme est sortie d’une voiture, ce fut comme un choc en plein dans ma tige, elle portait des sandales d’été à talon jaune pâle. Le doute n’était plus permis. Violette m’emmenait à un défilé.

Un défilé. Le rêve de toute une vie.

La robe d’été en octobre, le manteau de toile sous la pluie, les jambes nues par huit degrés, le brushing et le rouge à lèvres à sept heures du matin, ma délicatesse dans les flaques d’eau, tout s’expliquait. Elle s’était faite belle ma petite Violette, pour nous faire honneur. Et ce n’était pas tout. Ce n’était pas n’importe quel défilé. Tous ces tailleurs roses. Ces CC entrelacés. Ces chaussures beiges à bout noir. J’arrivais à peine à l’articuler tellement j’étais émue. Violette était invitée au plus important défilé du monde, de l’univers, de la galaxie, de toute notre existence. Le défilé Chanel.

On a traversé la rue de Rivoli dans un état second. Je ne sentais plus l’humidité, ni le froid ni rien. Je n’avais vécu jusque-là que pour ce moment. Et si j’étais assise à côté d’une célébrité ? Et qu’on devenait ami ? Ma vie allait basculer. Je m’apprêtais à pénétrer dans la cour des grandes. En être, par Saint-Crépin.

Il y avait foule. Que des gens magnifiques. Des allures impeccables. Des chaussures de luxe qui parlaient toutes les langues. C’était notre famille, la mode. Je souriais à la ronde, flottante au-dessus du macadam. Devant moi, un escarpin Chanel très chic (et assurément très important puisqu’elle n’avait même pas de manteau par ce climat) plaisantait avec un mocassin italien Gucci constellé de bijoux dorés. Celui-ci a murmuré dans son oreille quelque chose de si drôle qu’ils ont explosé de rire. Le mocassin a fait un grand pas en arrière tellement sa blague était bonne. Sa talonnette est venue s’écraser sur ma bride. Violette a retenu un cri. Il ne l’avait pas fait exprès, bien entendu. D’ailleurs, il ne s’en était même pas rendu compte puisqu’il a continué son histoire comme si de rien n’était. Je le sais car sinon, il se serait excusé, comme toute personne normale. Violette tentait de ranimer ses orteils tout en se frayant un passage vers la galerie.

Elle s’est présentée devant le vigile en cravate et parka et lui a tendu son invitation. J’avais hâte de pénétrer le Saint des Saints. Je n’étais pas mécontente à l’idée d’être au sec. Et assise. Le type a hésité une seconde en lisant le carton, Violette lui a composé un sourire si chaleureux qu’il aurait pu faire sécher toute la rue de Rivoli. Mais le gars ne nous regardait plus, il a pointé son index vers la gauche et a lâché l’air morne :

– Standing, faites la queue.

Sur le trottoir, au vent, une file pleine de sandales à talons aiguilles trempées s’étendait sur plus de cent mètres. Ça ne pouvait pas être pour nous. Nous avions une invitation. Sous le choc, Violette a fait répéter au vigile qui a répondu toujours aussi morne :

– Vous n’avez pas de place assise, on fait d’abord entrer les invités avec une place assise.

Violette a regardé son carton et la minuscule mention « St » écrite à la main, dans le coin en haut à droite a pris une douloureuse signification : standing. L’inverse de sitting. Une blonde lourde sur ses escarpins Chanel beiges à bout noir est arrivée droit sur nous, Violette a bondi sur le côté. La bride arrière de sa chaussure pénétrait profondément dans sa chair, sa peau avait tourné au violet. Elle ne s’est même pas arrêtée pour donner son carton au vigile qui a essayé de la rattraper :

– Madame…

Elle avait déjà passé les portes. Le type s’est retourné, énervé et nous a trouvé planté devant lui, spectatrices de son humiliation :

– Ne restez pas là Mademoiselle, on fait d’abord entrer les invités avec une place assise. Puis il a crié à la cantonade, les Standings sur la gauche !

Violette a remonté la file tandis que la pluie redoublait. Au bout, j’ai souri à une sandale aussi trempée que moi. Histoire de se serrer les coudes. Elle s’est détournée aussitôt, après tout, on ne se connaissait pas, c’est vrai. Au loin, les flashs crépitaient. Une célébrité venait sans doute d’arriver. J’ai tenté d’apercevoir de qui il s’agissait mais le cercle des photographes était trop compact. Autour de moi les feuilles mortes volaient, détrempées par la pluie. Je ne sentais plus ma semelle, ni mes brides, Violette avait la peau violacée. Une vieille dame est passée et nous a souri sous son parapluie. « Vous allez attraper le rhume ! », elle a lancé avec un air de pitié, bien au chaud dans ses bottines fourrées.

Là-bas, chez les puissants, une Jaguar verte s’est arrêtée devant l’entrée du Carrousel. Une femme très élégante, vêtue en Chanel de la tête aux pieds, s’est approchée de la voiture avec un parapluie. Elle a ouvert la portière, un ventre en est sorti, moulé dans une robe noire très courte. « C’est Catherine Kowalski ! » a dit une voix derrière. « Qu’est-ce qu’elle est démente ! Elle est en robe de soirée ! » s’est exclamée une autre, « Je l’adore, elle est tellement rock’n’roll ! ». Les photographes ont encerclé Catherine Kowalski, elle a pris la pose un instant, la main sous son ventre. « Elle accouche quand ? » a demandé la voix, « La semaine prochaine » a répondu sa collègue, « Son ventre est si petit ! » s’est étonnée une troisième « Elle est vraiment parfaite. » ont-elles conclu en choeur. J’avais entendu parler de la rédactrice en chef de Belle, Mélanie Bourgeon la détestait. Je ne comprenais pas pourquoi, moi je la trouvais magnifique. Même enceinte. En tous cas, elle était la seule personne qu’on venait chercher à sa voiture avec un parapluie Chanel. Et personne ne lui avait demandé son carton d’invitation.

Les cheveux dans les yeux, Mélanie Bourgeon est arrivée quelques secondes après. Violette lui a fait un signe de la main qu’elle n’a pas vu. On était trop loin, bien entendu. Elle cherchait son carton partout, le vigile ne voulait pas la laisser entrer et elle a tenté de passer en force. Le ton est monté, l’attaché de presse est intervenu de justesse.

Quelques secondes après, la queue s’est mise en branle et on a pénétré dans la galerie. À peine le tambour de la porte passé, les invités « Standing » se sont mis à courir vers la salle de défilé. Violette a essayé d’accélérer le pas mais le froid, l’humidité, je ne sais pas, elle était paralysée. Toute la queue est passée devant nous. Une jeune japonaise a glissé sur le marbre, une femme lui a marché sur la main avec indifférence. Violette s’est arrêtée pour l’aider. La japonaise l’a fusillé du regard, s’est relevé seule et s’est élancée dans la course en claudiquant. La musique a résonné dans les galeries, le défilé commençait. Dans la salle, des dizaines de personne obstruaient la vue vers le podium, impossible de circuler. Une panique est montée le long de ma tige. Je n’allais quand même pas manquer le spectacle après tout ça ? Le seul show qui s’offrait à moi était celui des escarpins trempés de mes camarades de queue. Avec ses dernières forces, Violette a tenté de se percher sur la pointe de ses orteils. En me tordant dans tous les sens, j’arrivais à attraper des bouts de corps sur le podium. (En vrai j’ai ensuite beaucoup mieux vu le défilé sur Fashion TV, chaîne à laquelle Violette est abonnée) (mais bon, je pourrais dire que j’étais au défilé et ça n’avait pas de prix). Parfois, j’entendais mes voisines s’esclaffer « C’est Claudia ! » « C’est Naomi ! » « C’est Linda ! ». Je me contorsionnais, j’étais si proche de réaliser mon rêve de les apercevoir et il m’échappait au moment où je le touchais.

Parfois, je repensais à la douleur qui me terrassait le cuir et puis je l’oubliais aussitôt. « C’est Kaiser ! » a hurlé une femme et j’ai aperçu un catogan blanc passer sur le podium. J’étais dans la même pièce que ce dieu vivant. Je me sentais pousser des ailes, parmi les miens. La salle s’est rallumée. Mélanie Bourgeon était à quelques mètres, assise au premier rang. Violette s’est glissé entre les spectateurs qui refluaient déjà vers la sortie pour aller la saluer.  J’étais contente de trouver quelqu’un à qui parler, et de montrer qu’on n’était pas arrivées là par hasard. « Bonjour Mélanie, merci pour l’invitation » a lancé Violette, charmante et polie comme d’habitude. Mélanie l’a regardé comme si elle ne la reconnaissait pas, puis de l’effroi est passé dans ses yeux. Son regard s’est vidé. Son nez s’est plissé, ses dents sont apparues et dans cet étrange sourire, elle a concédé un « Avec plaisir » douloureux. La seconde d’après, son visage s’est illuminé comme si elle avait vu la Vierge et elle a crié à quelqu’un derrière nous, d’une voix aigüe « Jesssiiiiiiicaaaaaaaa ! ». D’un coup d’épaule dans celle de Violette, elle a disparu dans la foule.

Autour de moi, il n’y avait plus que des escarpins Chanel qui discutaient entre elles. Mon cuir était noir à cause de la pluie, les ongles de Violette aussi. Il était temps de décamper. Elle s’est faufilée vers la sortie. J’attrapais des bribes de conversation en passant « Tu vas chez Éric Bergère, ce soir ? »  « Oui, mais je suis crevée, j’en peux plus. » « Et le dîner Dior demain, la barbe ! » :

– J’irai pas, je suis trop fatiguée, et puis de toutes façons, je n’ai pas reçu l’invitation.

– Ah bon, ma chérie ! Mais c’est bizarre, tout le monde y va ! T’es sûr ?

– J’ai pas envie de toutes façons.

– Hier, j’avais deux dîners tu imagines, ils ne se rendent pas compte de la fatigue que c’est. Un au Ritz et l’autre au Bristol, comment tu veux que je fasse, je ne peux pas me dédoubler ! » 

La femme a enfilé sa veste qui a fouetté le visage de Violette.

Je me suis sentie épuisée, tout à coup. Les gens avançaient au compte-goutte, j’avais envie de regarder Charmed, à l’abri. Violette a rejoint le métro relié à la galerie. Une jeune fille s’est arrêtée à notre hauteur, les yeux écarquillés. Violette avait le dossier de presse Chanel sous le bras. « Excusez-moi, vous étiez au défilé Chanel ? » Son visage était émerveillé. Violette lui a jeté un regard en passant le portique de la station sans lui répondre. Elle apprenait vite.



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Monter les shoes en blanc

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À l’approche des fêtes, l’équipe et moi-même sommes heureux de vous présenter quelques recettes au moelleux craquant composées uniquement de chaussures blanches.

Puisque ces dernières se consomment désormais en hiver (c’est devenu plus goûteux qu’en été), voici quelques petits tuyaux pour les cuisiner tout en épatant vos convives dans la rue ou bien au bureau.

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Ingrédients : Une paire de bottines dont le goût est monté à mi-mollet avec une légère pointe de talon fin pour assaisonner la silhouette avec légèreté.

Préparation : À cuisiner avec des mets à la longueur 7/8 et un accompagnement masculin-féminin pour rythmer les saveurs comme cette veste en lainage épais mais délicieusement marquée à la taille.

Bottines Marc Ellis, 186 euros.

OTHERSTORIES

La petite astuce de la Cheffe : quand on incorpore du blanc à l’ingrédient de la saison – les Santiags –  la tentation est grande de la jouer « nouvelle cuisine » en mixant des teintes lactées entres-elles. Il est impératif d’être minutieux sur les dosages : le menu jean crème + pull beurre-doux + bonnet purée peut vous valoir des maux de style. Pensez couleurs, pensez légumes verts.

Bottines & Other Stories, 149 euros.

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Ingrédients : Une basket blanche Marshmallow à souhait, fabriquée par une grosse marque industrielle et bourrée de produits chimiques (ça fait du bien des fois).

Préparation : Très rapide, c’est l’avantage : vous la faites fondre sur votre look de ville – pantalon d’homme et manteau long – et votre bouillon d’hiver prend toute sa réconfortante saveur branchée.

Baskets Nike, 104 euros.

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La petite astuce de la Cheffe : vous aviez 16 ans, vous trainiez au Burger King des Champs-Élysées et écoutiez gratos des CD’s au Virgin Mégastore. Maintenant, vous avez, euh, bref vous êtes plus vieille, vous mangez au traiteur végan du coin et vous payez sagement Deezer tous les mois. Mais au fond rien n’a changé. Qu’une bouchée.

Bottines Doc Martens, 186 euros.

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Ingrédients : Une mule-mocassin : ça fait plusieurs saisons qu’on en mange vous commencez à avoir compris. C’est clairement pas notre culture (c’est plutôt un met que les américaines adorent) mais on essaie quand même de la faire pousser en France. Je reconnais que c’est immangeable en hiver, ou alors, tout dépend de l’exposition de votre cuisine.

Préparation : L’important est que vos invités ne croient pas un instant que vous sortiez du lit. Du coup, il vous faut un petit repas bien étudié : pull en cachemire sophistiqué, jean avec franges t’as-vu, manteau structuré et un poil de Ketchup pour relever le goût.

Mules Sam Edelman, 155 euros.

GANNI

Qui dit shoe à la crème, dit pièce montée ! D’abord, toute l’équipe et moi-même, on vous félicite pour ce OUI. On a pensé à vous bien sûr, on sait ce que c’est. Et on vous propose cette petite gourmandise, aussi bonne pour traverser le jour J que pour déguster toute la nuit. Et cerise sur le gâteau des mariés, vous les reporterez cet été en mode 90’s avec un jean léopard et un t-shirt loose.

Escarpins Ganni, 265 euros.

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Ingrédients : une belle botte bien charnue qui vous dévore la jambe sans concession mais avec délectation.

Préparation : c’est dans les grandes bottes qu’on fait les meilleures recettes, encore faut-il avoir le courage de se mettre aux fourneaux. Comme pour la pâtisserie, il faut suivre la recette à la lettre : des pièces casual dans des matières épaisses et réconfortantes, évitez de saupoudrer de dentelle, ça fait vite cuisine du sud. Mais le résultat, mamamia, votre belle mère n’en reviendra pas.

Bottes What For, 380 euros.

CAMPER

La petite astuce du Cheffe : si vous avez peu de temps pour déjeuner de manière générale, que vous êtes abonnés au jambon-beurre, voici notre petit plaisir : les souliers Camper. On sait, ce n’est pas « nouvelle cuisine mes nouilles mes genoux » mais c’est fait avec de bons ingrédients, le design est léger, et c’est très facile à digérer toute la journée. Aussi bon que du Serrano.

Derbies Camper, 150 euros. 

 

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Ingrédients : la boots pointues à la saveur rock’n’roll agrémentée d’un talon pas trop haut pour cuisiner en paix toute la journée.

Préparation : Simple, simple, simple, comme les réconfortantes coquillettes du dimanche soir : un jean taille haute et un pull tout doux, sobre.

Bottines & Other Stories environ 150 euros (je sais, c’est la deuxième citation mais j’adore)(mais elles ne sont plus sur le site!), alors voici un modèle Ash, 224 euros, qui vaut son pesant de crème aussi.

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Ces bottines esprit rando de Paraboots, c’est comme une sublime Mascarpone qui monte en Chantilly sans effort, presque par miracle. Sculpturale. Ça vous donne un goût d’éternité dans la bouche.

Bottines lacées Paraboot, 426 euros (c’est cher mais c’est pour l’éternité)(vous serez morts qu’elles serviront encore).

Bonne dégustation et à bientôt pour une nouvelle recette !



Le jeune en Méphisto

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Un midi, je déjeune tranquille en face de mes collocs de bureau dont Pierre ci-dessus, la bonne vingtaine, nouveau à l’atelier et architecte de son état. Je rêvasse un peu en essayant d’attraper mon ravioli chinois glissant avec mes baguettes. Nous mangeons autour d’une table basse, mon regard se pose sur ses pompes, je m’étrangle. Un bout de crevette de travers.

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LE-KEUM-PORTE-DES-MÉPHISTO.

HAN.

Je suis choquée.

Les chaussures de vieux, quoi. NAN, MAIS NAWAK !!!

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Je vous parle d’une pompe que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître : un genre de soulier orthopédico-sporti-fonctionnel avec une semelle épaisse, des surpiqûres, un laçage façon rando et et et une étiquette avec écrit en gros dessus Méphisto, comme pour le Port-Salut (googlez) . Voilà que Pierre porte çà.

J’ai regardé sur le site de Méphisto, ce modèle n’a même pas de NOM (comment ça se fait trop pas de pas baptiser un best-seller quoi)(j’ai trop le seum)(même chez Arche, la fameuse bottine moulée sur le pied a un nom). « C’est très confortable, il y a une sorte de cambrure » me confie Pierre en me montrant du doigt la semelle le pied en l’air (on s’entend bien au bureau). Mouais.

Passée la surprise (et presque la colère)(me faire ça en pleine crise de la quarantaine, quoi) évidemment le chagrin est apparu.

Je me suis mise a seriner le monde, les mains jointes et les genoux à terre : le jeune peut tout se permettre, punaise, le jeune est plein de vie, le jeune redonne vie à la vie et détourne des pompes de papy. Le jeune est comme une petite brebis qui s’ébaubie dans la prairie de l’innocence, sautillant les yeux grands ouverts sur les curiosités du monde, n’ayant pas d’à-prioris ou ayant envie de les braver d’un tour de pieds, capable de décrocher les étoiles. Il pense qu’on peut tout à fait reprendre deux fois des frites à la cantine, faire des photocopies couleurs à l’infini au bureau et obtenir plus de budget pour le pot de départ de Catherine. Fort de ça, il se sent assez solide pour porter des Méphisto en plein jour, dans la rue. Et même pas pour déconner. Même pas au second degré, punaise. Purement et simplement parce qu’il les AIME :  « Je les trouve très belles », murmure-t-il.

Rhalala, la jeunesse.

Passé l’état de transe mélancolique, forcément, je me suis effondré, terrassée par un vrai chagrin. Profond. Métaphysique.

Ma vie est-elle finie ? Moi à 40 ans, ce n’est pas 10 ans que je prendrais à porter des Méphisto mais 30,40 et peut-être même 50 ans d’un coup. Peut-être même que les gens dans la rue croiraient que j’ai 90 ans. Ils penseraient en me voyant avec ces chaussures que je suis tout bonnement sur le point de mourir. De disparaître pour toujours dans le royaume des morts-dont-on-ne-parle-plus. Ils me regarderaient avec un air désolé-qui-sent-le-sapin. Bon, l’un dans l’autre, les gens me diraient sûrement que je fais jeune pour mon âge, et c’est toujours agréable à entendre. Quand même, faut avouer. Quand même. C’est pas dégueu (quand même).

Bref, je ne pourrai jamais porter des Méphisto moi.

Parce que t’aurais envie d’en porter, je vous entends me dire ?

MAIS VOUS ÊTES ALLÉ SUR LE SITE PUNAISE ?

Mais oui, 10 fois oui, bien sûr que je voudrais porter des Méphisto, me rouler dedans et m’en enduire le corps.

Mais quelle évidence.

Passé la surprise, la colère, le chagrin, vous connaissez la suite du processus : on se met à penser et à considérer les choses autrement. Attention, ce qui va suivre est une révélation interstellaire qui va faire trembler le monde de la chaussure : Méphisto est LA marque morte-vivante dont personne ne veut et qui demande juste à ressusciter pour cartonner. La mode adore les Phoenix. Mesdames et Messieurs, voici le candidat du futur. En adéquation totale avec l’air du temps dédié au désir de confort, ayant une image de qualité, ne dépensant pas des fortunes dans une communication frileuse et outrageante. Un candidat parfait.

Euh, on en parle Méphisto ? Mon 06 est le suivant. Je pense qu’on peut appuyer sur le champignon, le jeune est cuit à point pour venir s’offrir des milliers de ce modèle sans nom.

(Du coup, Arche, si vous voulez on se voit aussi)(du coup, je suis allée sur le site)(y’a du potentiel les gars)

Bref. Pierre, plein d’empathie, m’a accompagnée sur le site et là, je vous jure. J’ai la Méphisto qui m’est montée à la gorge.

MEPHISTO-VERT-AMANDE-SHOOOOES

La Lady (en fait, bien après, je me suis rendue compte que si, elle avait un nom, mais j’aimais bien ma blague donc j’ai laissé)(désolée c’est pas pro)(mais je m’en balec) Vert amande. Imaginez avec un jean léopard, des socquettes assorties et un sweat-shirt avec des inscriptions rock ?

MEPHISTO-ROSE-PALE-SHOOOOES

Et rose. Imaginez avec un pantalon court en velours cotelé et un pull de la même couleur ?

Si vous êtes comme moi, en pleine crise de la trentaine, quarantaine, cinquantaine, soixantaine, soixante-dizième, quatre-vingtième, quatre-vingt-dizième, que vous voulez une paire de Méphisto wallah quoi, que vous avez le cerveau court-circuité. J’ai la solution.

S’acheter une Porsche pour rééquilibrer les choses.

180 euros la paire !



Comment shoeser l’écossais ?

SHOOOOES-AMELIE-PICHARD-ECOSSAIS

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans notre atelier de cuisine shoesesque. Comme chaque demi-quinzaine, retrouvons-nous autour d’une tendance actuelle de la food internationale.

Oui, le Docteur Shooooes a décidé de changer son fusil d’épaule et de ne plus parler que de nourriture, puisque c’est ce qui a le vent en poulpe actuellement. Et les fruits de mer, c’est excellent pour la santé.

Ainsi, nous allons aborder les différentes manière d’agrémenter l’imprimé écossais, les meilleurs ingrédients à consommer et je vous livrerai quelques bons tuyaux pour dresser une table qui épatera tous vos invités.

 

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L’ÉCOSSAIS FEULANT.

Ingrédients : Une paire de bottines léopard pas trop salée, comprenez avec un bout-rond-filet-mignon, un talon charnu et un élastique pour le petit zeste Sixties.

Préparation : Il est impératif de réveiller tous les bouquets traditionnels d’un écossais saignant. L’imprimé léopard apportera cette petite touche exotique qui fait le succès de la cuisine-fusion.

Lien de cuisson.

Look Michael Kors FW18.

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L’ÉCOSSAIS DU FAR-WEST.

Ingrédients : Une santiag qui est THE ingrédient de la saison. Demandez à votre boucher de vous en préparer une en fausse viande, comme celle-ci en microfibre de la marque branchée Good Guys, lancée par une française de LA, Marion Hanania.

Préparation : L’idéal est de le cuisiner avec une longue robe à carreaux. Si vous manquez d’appétit pour cette silhouette un peu trop tranchante de la fashion, achetez un pantalon écossais 7/8 que vous assaisonnerez tout simplement avec un t-shirt rock ou une chemise blanche.

Lien de cuisson.

 

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Truc et astuce de la Chef : Lorsque vous cuisinez de l’écossais façon petit-fille-modèle, prenez garde à ne pas brûler votre sex-appeal et incorporez dans votre look des matières comme le cuir pour bien faire monter la préparation.

Lien de cuisson.

 

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L’ÉCOSSAIS CALIFORNIEN.

Ingrédients : On ne présente plus la basket de skater utilisée dans la plupart des recettes actuelles. En émulsion dans un look « vieux jeu », elle fait remonter toutes les saveurs de la coolitude sur la langue.

Préparation : Pas de tour de main vraiment nécessaire dans cette recette très facile à réaliser. Vous achetez chez votre maraîcher n’importe quel pantalon écossais, en lui précisant bien de vous mettre du noir dedans. La garniture de petit-pois est classique mais c’est bon pour la santé.

Lien de cuisson.

 

 

 

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Truc et Astuce de la Chef : Dresser une belle table en l’honneur de vos invités fera toujours de vous une cuisinière remarquée et remarquable ! Laissez-vous porter par votre inspirations du moment et cultivez les bonnes idées : transformez une nappe en botte, comme ce modèle qui offre à tout convive 3 tours de cuisses supplémentaires !

Pas de lien de cuisson disponible, la Chef s’excuse à plat ventre.

 

SAM-ENDELMAN-SHOOOOES

L’ÉCOSSAIS IMMACULÉ.

Ingrédients : L’un des composants star de la saison, la bottine en cuir blanc avec un petit talon coupé très fin. La provenance est américaine, et ce producteur se donne du mal pour proposer du créatif abordable.

Préparation : Dans toute bonne cuisine écossaise qui se respecte, le blanc est présent. Il est donc goûteux de battre l’immaculé avec du carreaux pour obtenir une bonne crème de macadam. Pour les palais déjà bien habitués, on tentera le manteau long avec une pincée de denim, succulent à souhait.

Lien de cuisson.

 

VERSACE-SHOOOOES

Truc et Astuce de la Chef : Évidemment, pour l’écossais comme pour les Chipster de Belin, il est toujours recommandé de ne pas s’enfiler le paquet d’un seul coup, vous risquez de ressentir des ballonnements incommodants.

Lien de cuisson.

 

 

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Truc et Astuce de la Chef : Quand vous n’avez pas envie de cuisiner, ou qu’il ne reste que des pâtes dans le placard, enfilez un jean slim noir, une veste de costard et transformez votre repas en un jour pas comme les autres avec une paire de bottines écossaises, miam !

Lien de cuisson.

 

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Truc et Astuce de la Chef : Si vous mangez de l’écossais dans un fast-food, essayez de déterminer l’origine de la viande que vous consommez. Ici, c’est une bottine à la manière Balenciaga, longue et fine. Ça vous remplit mais vous aurez faim à 16h, vous le savez hein.

Lien de cuisson.

 

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L’ÉCOSSAIS PROFIL BAS.

Ingrédients : Des mocassins à la bonne semelle bien charnue, dans un cuir vert sapin qui vous rappellera les plats traditionnels d’hiver.

Préparation : Pour réussir cette recette, il faut décortiquer les petits détails pour qu’ils éclatent en un bouquet de style. Une cuillère de casquette de djeuns, une autre de jus de chaussettes, une autre encore de jean frangé, vos invités ne soupçonneront jamais que vous avez passé l’après-midi dans votre cuisine.

Lien de cuisson.

Look Sandro FW18.

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Truc et Astuce du Chef : L’ensemble de l’équipe et moi-même tenons à remettre la note de 3 étoiles à ces escarpins en plaid de la lande écossaise. Un gibier particulièrement coriace et cuisiné ici avec la plus grande finesse et la touche d’humour qui donne du sourire aux casseroles et aux poêles !

Lien de cuisson.

À bientôt pour de nouvelles recettes qui enchantent le coeur… et les papilles !

(bonne dégustation)(merci)(je vous en prie)



Le Développement Pershoennel

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Le Développement pershoennel est une notion très ambivalente en France. C’est tout simplement un gros mot, un truc de fille qui se cherche indéfiniment et achète des shoes en pensant que le déclic est proche (Manara si tu m’entends).

Pourtant le développement pershoennel est bien plus qu’un simple acte compulsif d’achat. C’est une manière de mettre en branle son imagination, de déchausser ses schémas tous faits en pratiquant la visualisation shoesesque.

kesako ?

C’est un exercice simple et rapide (auquel je vous invite à participer dans les commentaires ci-dessous)(sans vouloir faire de proshoelytisme, vraiment) qui consiste à se projeter en entier dans un soulier. Pas se taper la tête dedans bien sûr, loin de moi l’idée que vous vous blessiez. Mais de se poser cette question : si j’étais cette chaussure, qui serais-je ? Question métashoesique par excellence.

Lors de mes conférences shoesesques, je fais souvent faire cet exercice à mes petites brebis de la shoes, et c’est toujours un ravissement d’assister à un lâcher prise de groupe et de voir les inhibitions décoller de leur semelle pour parcourir les sept lieues de l’imagination.

Cette pratique se fait à tout moment, l’important est de trouver une paire (sur les sites comme Net-à-porter ou Matches Fashion) qui vous murmure du cuir et des couleurs à l’oreille, dont les détails vous transportent loin de vos doigt-de-pieds. Peu importe qu’elles soient portables ou non, peu importe leur prix, abandonnez-vous à leur pouvoir shoesesque, laissez-vous transporter dans un monde sans cadre ni limite. Un monde où vous perchez votre âme au sommet d’une aiguille.

Pour mieux vous faire comprendre cette pratique psyshoelogique, voici un extrait de ma propre méditation shoesesque de ce matin. J’ai choisi des sandales Dolce&Gabbana totalement inadaptées à ma vie (il y a tout simplement trop de pavés à Montmartre)(c’est la raison majeure oui)(pas mon style de vie non), à 1950 euros (une bricole) :

 » Si j’étais ces chaussures, je dormirais dans une grande chambre dans un château au beau milieu du lierre et de la forêt, les oiseaux dormiraient sur les montants de mon lit en bois. Il y aurait quatre grandes fenêtres qu’un soleil bas et romantique d’hiver transpercerait de ses rayons immaculés. À mes pieds, sur un tapis en laine de mouton rose pâle, une petite biche seraient étendue, des couronnes de fleurs autour de son frêle cou tacheté. Elle serait chaussée de minuscules sabots de vair. Et lorsque je descendrais les marches de ce palais, je découvrirais un monde qui a tout compris. Les chevaliers seraient l’égal des femmes, ils accoucheraient d’enfants jolis et braillards, les berçant avec sérénité. Des chaussures noires et blanches réciteraient de la poésie en cuisinant des bols Vegan avec du quinoa et du chou Kale. Rien ne serait jamais sali et personne, pas même une tong vieillissante, n’aurait besoin de nettoyer quoi que ce soit. Tout serait avalé par les germes de la Terre. Une Terre bienveillante qui ferait pousser des arbres à chaussures dans ses forêts abondantes. Chacun serait chaussé de souliers qu’il a choisi et cueilli avec soin, les conservant aussi longtemps que possible. Préservant leur beauté avec respect. Les usines polluantes n’existeraient pas. Même pas le plastique. Seulement l’amour. »

 Voilà. Le cannabis, l’alcool, la MD, le Bourgogne et d’autres substances sont autorisées mais je précise que je suis à jeûn (enfin j’ai bu un verre de limonade au gingembre).

Allez petite brebis, choisis une paire et laisse ton coeur murmurer.

bisous.



10 recettes de shoe-rouges

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10 délicieuses façons de cuisiner la shoe-rouge, à plat, à talon, en bottine ou bien en escarpin. C’est le plat de résistance de cet hiver que vous serez ravi.e.s de dévorer sitôt cet article enfourné. L’ensemble de l’équipe de Shooooes et moi-même vous souhaitons une bonne dégustation.

 

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LA SHOE-ROUGE EN ART-DÉCO

Ingrédients : Une bottine délicieuse sous tout rapport qui se dote d’un petit arrière goût d’or et de lumière pour tapisser votre sillage de mille saveurs.

Préparation : Avec son deuxième effet kiss-cool sur le talon, vous surprendrez tous vos invités, en jupe vernie rouge comme en simple jean de tous les jours. À déguster sans modération.

 Lien de cuisson.

 

AMELIE-PICHARD-SHOOOOES

LA SHOE-ROUGE EN ESCARPIN

Ingrédients : Un escarpin légèrement pointu, bien emboîtant si possible (pour le côté 80’s) avec un talon fin et petit (pour pouvoir cuisiner sans peine).

Préparation : Un total costard de garçon manqué (pour le petit goût masculin-féminin), ou pour celles qui n’ont pas l’ensemble, un slim gris ou noir.

Lien de cuisson.

 

PARROSH-SHOOOOES

LA SHOE-ROUGE MINUTE

Ingrédients : Une bottine bout rond, avec un petit talon carré moelleux en bouche, idéalement en cuir velours-peau de pêche.

Préparation : Vous avalez vos habits de travail de tous les jours, comme un pantalon noir (en cuir c’est cool si vous aimez) et un manteau 3/4 masculin, et si possible un sweat-shirt ou un t-shirt imprimé en dessous pour faire monter le tout en hype.

Lien de cuisson.

 

 

CONVERSE-SHOOOOES

Le chef et moi-même portons votre attention sur ces Converse rouges qui changent des Converse rouges puisqu’elles ont un double croquant très snob. Elles sont une collab’ avec JW Anderson, sans doute l’un des créateurs les plus doués de la génération actuelle (à l’oeuvre chez Loewe).

Lien de cuisson.

 

cara-humphreys-BURBERRY-SHOOOOES

LA SHOE-ROUGE À PLAT

Ingrédients : Un derby d’homme avec des assaisonnements ou non, comme des lacets, des boucles ou une patte mexicaine (ou dite de golf). Si vous ne trouvez pas cela au marché près de chez vous, cette recette fonctionne également avec un mocassin.

Préparation :  Pour émulsionner le côté sage, vous mélangez les derbies avec un jean déchiré et un t-shirt un peu loose, vous pourrez ensuite saupoudrer le tout d’une veste féminine pour atteindre l’umami. (= le goût parfait en japonais)(rho).

Lien de cuisson.

 

 

GANNI-SHOOOOES

La direction du restaurant tient à signaler que la marque Ganni est actuellement très appétissante. Ils ont fait ces petits escarpins sling-back surmontés d’un noeud trop miam. Bon appétit baby.

Lien de cuisson.

 

DORA-TEYMUR-SHOOOOES

LA SHOE-ROUGE À L’ANGLAISE

Ingrédient : Un mocassin avec un petit talon carré (enfin, on va pas chipoter) et une grande papatte façon Swinging London des années 70, le tout en cuir velours et dessiné par un cuisinier branché anglais.

Préparation : Avec un jean 7/8 évasé dans le bas pour découvrir la cheville – car dans cette recette on mange la peau – et un chemisier à petit-pois, parce que ça fait des légumes verts.

Lien de cuisson.

 

STELLA-LUNA-shooooes

Le sommelier vous rappelle que glisser la shoe-rouge dans une grande chaussette pour la faire décanter avant consommation améliore le goût du mocassin. Quitte à acheter la shoe ET la chaussette déjà ficelées ensemble, comme ces mocassins Stella Luna (c’est chinois-créatif-chelou) à porter avec un jean super slim et un top assez large pour ne pas vous tasser l’aile ou la cuisse.

Lien de cuisson.

 

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LA SHOE-ROUGE À LA BELGEOISE

Ingrédients : Cette recette est relativement chère en termes de matière première, mais vous la dégusterez de nombreuses années avec le plus grand des plaisirs, comme toute friandise belge qui se mange. Il vous faut donc une paire de bottines solides et sensuelles à la fois, dont la cheville est gouteuse et la semelle bien poivrée.

Préparation : Veillez à bien désosser la cheville pour mieux déguster la silhouette avec un pantalon large ou serré, peu importe, mais court. Pour ceux qui n’ont pas peur des plats qui piquent, ajoutez une pincée de léopard.

Lien de cuisson.

 

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Le chef de salle attire votre attention sur l’importance des détails pour dresser une gambette. Une belle bottine, c’est aussi un talon qui change du jambon-pâte et envoie de la purée.

 Lien de cuisson.

 

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Nan, j’rigole.

Allez bisous.



L’Homo Sapiens de la mode

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Ça vient vous chatouiller l’archaïque hein ce petit Gif ? Vous remuer le boyau primitif ? Vous vous dites, punaise, entres ces deux êtres préhistoriques occupés à faire du shopping dans une mall-grotte et ces deux autres semblant tout autant sortir d’on ne sait quelle caverne très personnelle, quelles différences ? À part les 300 000 ans qui les séparent, je veux dire ?

Bah rien les copains.

Ce sont des Homo Sapiens : ils se tiennent debout, ils ont un cerveau développé (oui bon ça dépend qui sérieux), moins de poils (oui bon ça dépend qui sérieux), ils papotent grave on n’en peut plus, ils se sapent mon dieu c’est une passion, ils s’embrouillent pour savoir si on les aime et ils fabriquent des tas de trucs qui vont de la fringue à la pelle, en passant par – je vous le donne en mille – les chaussures.

Je viens de passer une semaine avec eux – plongée fashion weekologique – et je peux vous dire qu’on fait avancer la science.

Surtout du point de vue « quatre pattes » que j’adopte pour mieux cerner l’espèce avec mes photographies.

Récapitulons.

 

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Sapiens sait appréhender les règles qui régissent le monde. Grâce à ses capacités inouïes d’adaptation dans un environnement parfois hostile, il reste le seul représentant du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Il n’y a plus que lui sur le Catwalk (et bientôt même plus).

Rare capture de 3  femelles Homosapiens portant les J’adior, outil créé en l’an 2016 par la tribu Dior située dans les plaines de l’avenue Montaigne, hémisphère mode.

 

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Par rapport au règne animal, il se distingue par la richesse de ses relations shoesales.

L’on peut distinguer dans ces invités du défilé Chanel (rassemblement bi-annuel des tribus Homo Sapiens de l’hémisphère mode dont le sens reste à ce jour non élucidé) les Rockstud de Valentino rose, un outil largement répandu chez les femelles post-pubères.

 

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On le sait, Sapiens se distingue par l’abondance de ses réalisations techniques : il fabrique par exemple des petites baskets blanches. Toujours toujours identiques.

Quand un beau matin de préhistoire un type a inventé la petite basket blanche, on a fait des petites baskets blanches à la chaîne pendant 300 000 ans parce que comme on dit chez Sapiens : on ne change pas une équipe qui gagne. Malin, pratique, efficace. Comme le Silex.

Cortège de jeunes hommes, sans doute destinés à satisfaire le regard des femelles Sapiens lors des fameux grands rassemblements non-élucidés des tribus Sapiens de l’hémisphère mode.

 

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L’importance de l’apprentissage dans le développement de l’individu le distingue de toutes les autres espèces.

Quand un Sapiens découvre qu’il n’a pas exactement la bonne chaussure et qu’il lui faut carrément celle du voisin, il devient une machine à tuer. Survie de l’espèce oblige.

Femelle Sapiens en plein repérage de sa proie : des outils baskets fabriqués par la tribu Dior selon la méthode dite de la Converse. Fameux outil développé dans les plaines américaines en l’an 1917 et largement répandus dans les territoires Sapiens.

 

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Sapiens maîtrise le feu.

Le feu fût inventé par la grotte Prada en l’an printemps-été 2012 et réédité en l’an automne-hiver 2018 pour le plus grand bonheur des femelles Sapiens de l’hémisphère mode.

 

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Chez Sapiens, certains scientifiques parlent de dimorphisme sexuel : les femmes seraient plus aptes à maîtriser le langage et les travaux manuels tandis que les hommes seraient plus forts en orientation et en raisonnement logique.

D’autres scientifiques assurent l’inverse : le cerveau Sapiens étant plastique, ce sont l’éducation et la culture qui induisent des différences de capacités cognitives entres les sexes.

Ces images Off-White en collaboration avec Nike le prouvent.

L’existence d’un grand chef de tribu Virgil Abloh de la grotte Off-White est attesté dans les grandes plaines de l’hémisphère mode à partir de l’an 2010 (datation carbone compliquée), les scientifiques sont d’accord pour reconnaître un grand phénomène fashionologique autour de ses différentes créations d’outils. Il aurait notamment été le représentant de la grotte Louis Vuitton autour de l’an 2017.

 

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Sapiens a conscience de lui-même.

(très conscience)

Outre une nouvelle attestation de l’existence de ces cortèges de mâles (sans doute pour assurer la sécurité visuelle de la femelle Sapiens lors de ces fameux rassemblements non-élucidés), on reconnaît l’outil Diorider. Les scientifiques défendent la thèse selon laquelle ces grands outils en cuir étaient destinés à permettre un grand échange de monnaie entre les différentes grottes.

 

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Il réussit systématiquement le test du miroir.

Cette capture atteste de la réédition en l’an automne-hiver 2018 du sac Saddle de la tribu Dior inventé par l’homme dit de « John Galliano » vers l’an 2000. Cette capture atteste de la volonté de Sapiens d’attirer systématiquement tous les regards sur lui. Non-élucidé.

 

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Même le tout jeune Sapiens.

Sapiens développe autour de l’an 1960 un système d’outil à semelle de caoutchouc (que les scientifiques appellent les Adidas-Falcon-à-100-euros)  dont les fossiles plastiques sont sans doute responsable de l’extinction de l’espèce.

 

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Grosso modo et ça c’est moi qui le dit, Sapiens a une haute opinion de lui-même couplée à une très basse opinion de lui-même et a besoin de trouver quelqu’un qui pense comme lui pour se sentir normal.

Cette capture fait l’objet de débat au sein de la communauté fashionologique: le Sapiens de l’hémisphère mode reconnaissait-il l’existence d’un dieu et pratiquait-il des rituels sacrificiels où certains Sapiens étaient donnés en patûre à d’autres Sapiens munis d’outils photographiques ? Le sens de cette pratique demeure non résolu et divise encore aujourd’hui.

 

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Donc, Sapiens ne fréquente que les Sapiens qui lui ressemblent.

Cette capture atteste de la présence ancestrale de Santiags dans l’ADN Sapiens et de la raison pour laquelle la femelle Sapiens de la grottes montmartroise de l’hémisphère mode, Docteur Shooooes, les kiffe depuis minotte.

 

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Ou bien il n’adresse la parole qu’aux Richelieus de son espèce.

Cette capture atteste de la présence de mâles Sapiens lors des grands rassemblements non-élucidés des tribus de l’hémisphère mode. Kes kizy foutaient, on sait pas.

 

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D’ailleurs, Sapiens est légèrement accusé d’être en train de tuer la plupart des autres espèces en dehors des Runnings.

Mais Sapiens est touchant au fond. Il se heurte à la solitude métaphysique. On naît seul, on meurt seul.

Ça n’empêche pas qu’au final, Sapiens demeure cet être qui cherche à rallumer le feu, à revenir à l’état sauvage, à forcer les portes, les barrages et faire danser les diables et les dieux.

Et vous savez pourquoi ?

Je vais vous le dire.

Parce qu’Homo Sapiens est composé de 4 % de Néandertal.

Et que Néandertal n’est plus considéré par les scientifiques comme ce crétin dangereux à la massue facile. (bah oui comme on a découvert qu’on en avait dans l’ADN, on le réhabilite)(on est fort quand même hein).

On a découvert quelque chose de merveilleux : que les outils de Néandertal étaient tous uniques. Que chaque objet  était un univers en soi, une création issue d’un cerveau et pas la copie d’un autre.

Chez Néandertal, la différence va de soi. La différence fait foi. Le concept de standardisation n’existe pas.

C’est une autre manière de penser le monde, de s’inscrire au monde : concevoir la différence comme la norme, et non l’inverse.

Imaginez une Fashion Week de Néandertal ?

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PS 1 : D’ailleurs, c’est quoi les marques les plus Néandertaliennes ?

PS 2 : J’ai emprunté à Phil Oh – le fameux photographe de streetstyle de Vogue Runway – sa photo des jumelles dans le Gif d’ouverture, j’espère qu’il ne sera pas fâché hein.

PS 3 : Si Néandertal vous fascine, outre l’expo au Musée de l’Homme en ce moment à Paris, lisez cet article (édition abonné) qui explique les découvertes récentes sur ses capacités créatives.



5 shoes bibliques

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Il m’est apparue une intuition divine : que la mode avait des saisons et qu’elles se déployaient en tendances sans cesse renouvelées. Par exemple, eh bien, certaines années les rayures sont à la mode et d’autres fois, tout le monde veut des mules. Voyez le mouvement céleste ?

J’déconne.

J’avais compris ça depuis longtemps.

Comment ?

Vous aussi ?

Vous êtes trop fortes les gars. Bref, faisons un point sur ce qui fera la Bible de la mode en 2018 (ou pas).

Permettez un petit évangile sur les bottines d’abord. Eh bien, elles seront immaculées ou rien petite brebis. Et le premier qui lève le sabot pour faire remarquer que c’est salissant (verset 47, livre 43 , quand Ginette dit à Paul : « c’est pas salissant, c’est la saleté qui se voit »), ira faire 2 avés et 3 pater pendant la pause déjeuner. La mode s’en fout de votre bon-sens, ce qu’elle veut, c’est votre ralliement, votre dévotion, que vous l’épousiez corps et pieds.

 Celles-ci sont des Anine Bing, une fille trop trop branchée cool de LA qui a fondé sa marque genre super cool de LA. Mais vous en trouverez de divines aussi chez And Other Stories.

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Deuxième évangile, les sneakers. Les observateurs rapportent une véritable guerre de religion. D’un côté les adeptes des sneakers conçues comme des chaussettes qui auraient fait l’amour avec une semelle de caoutchouc (péché de luxure rholala) et de l’autre, les adorateurs des runnings qui auraient abusés d’injections d’acide hyaluronique avec leur semelle botoxée (péché d’orgueil mon dieu). La sentence est claire, je vous entends la prononcer : cet amoncellement de caoutchouc, c’est vraiment contre nature (le caoutchouc c’est mal vu de toutes façons par l’église). Mais, petite brebis, vous n’allez pas leur jeter la pierre à ces adeptes. C’est tellement bon de s’abaubir dans les champs sacrés du confortable. De sortir sa robe midi plissée soleil, son t-shirt ou son petit pull fin et d’enfiler ça comme si on assistait à la résurrection d’une penderie.

Ce modèle est largement inspiré des Triple S Balenciaga et est signé Ash, mais si vous remontez le filon, vous en trouverez des bénitiers pleins : chez Nike, Adidas ou Puma (Fila bien sûr!), et puis chez Zara et ses consoeurs.

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Troisième évangile, les petites babies radieuses comme des bonbons goût cochenille écrasée. Ces petits insectes divins que l’on renverse dans une cuve chaude pour vous donner envie d’acheter des chaussures rouge et succomber au péché de gourmandise. Là c’est pareil, vous prenez n’importe quel démon, vous le recouvrez de rouge et emballé-c’est-pesé la brebis est avalée.

Celles-ci sont des Kina de Carel, mais allez vous promener sur le site spécialisé de MarthaLouisa.com pour trouver des petites victuailles cuisson saignante.

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Quarième évangile. Des Santiags, des vraies, qui envoient de l’eau bénite à chacune de vos enjambées. Je les ai choisies en python (parce que c’est mon côté Jésus-dans-le-désert) mais toutes les incarnations sont possibles : en cuir simple noir, avec des motifs brodés, en métal doré, avec un talon très biseauté ou moins, avec des lacets, des trous. Comme dans l’Arche de Noé, toutes les créations sont acceptées à bord.

Ici ce sont les Rylee de Chloé labellisées it-shoes (1195 euros hahaha)(houhouhou) mais bien sûr, dans les cathédrales de la fast fashion les modèles abondent, comme ici chez Uterqüe, mais on préfère les chapelles de la créativité comme Patricia Blanchet.

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Cinquième évangile. Aimez-vous les uns les autres en mocassins. Avec des vrais mocs de fille qui a fait sa communion en 1964. Le style doit être classique, la semelle solide, ensuite le Diable est dans les détails : ce petit arrière transformable en mule et ce coeur qui vibre au premier plan. Ce sont bien les indices d’une âme pas très catholique, qui met sa culotte sur la tête en dansant le boogie-woogie avant de faire ses prières du soir.

Je prêche pour cette paroisse.

En un mot, abandonnez-vous, c’est délicieux.

De quoi avez-vous peur ? De perdre votre âme, votre raison, votre argent ?

Mais enfin, il ne s’agit que de chaussures petite brebis.

Ceux-ci sont des Loewe. Je n’en ai pas d’autres à proposer car quand vous trouvez l’amour, il est irremplaçable. (violons)



C’est pas nous.

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Je reçois hier matin le lookbook de la collection Manolo Blahnik pour l’hiver 2018. Pour vous résumer le tableau, le gars, c’est une légende. Un peu le Louboutin (en plus vieux) de la chaussure américaine. Une institution, Anna Wintour ne porte que ça. Les chaussures sont des chef d’oeuvres et coûtent un tel prix que ce n’est plus un sujet de conversation.

Voilà.

Donc je reçois ce lookbook et je me dis en le regardant : c’est pas nous.

Notre style à nous, les françaises, je veux dire.

Il y a un truc mystérieux qui n’arrive pas à remonter le long de notre culture.

On ne s’y reconnait pas.

Cette mule de chaperon avec des gros bijoux ostentatoires, l’étoile de shériff à mille lieux de nos préoccupations (et un peu pro-Trump non?), ces trucs et ces bidules partout, ça vous fait le même effet ? Outre que les modèles sont très habillés (et que donc bon, faut reconnaître, ce n’est pas tous les jours qu’on sort), si on devait dépenser 1000 euros, ce n’est pas cela qu’on choisirait.

Et c’est fascinant à quel point cette différence de style témoigne du fossé entre nos deux cultures.

Ce n’est ni notre façon d’être sophistiquée, ni de mettre notre corps en scène.

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D’abord dans notre rapport nébuleux  à la représentation sociale. Même si on a des origines communes avec les ricaines, on n’a pas les mêmes valeurs. Nous, les françaises, on s’en laisse pas conter. Outre-atlantique, elles ont la frivolité de croire en la puissance de la soie et des bijoux, comme sur ce modèle ambiance rideaux. Bah nous,  ce côté « attributs royaux », ça nous laisse coi. On lui a coupé la tête à notre roi. Alors, les symboles de l’aristo au-dessus des autres, ça nous passe à 3000 voire ça nous fout les rognes.

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Il y a quelque chose dans la culture française qui ne veut pas s’en laisser conter. Voilà tout. Les fioritures, les frivolités, les lacets partout, les heures à enfiler une paire, c’est du temps gâché. Comme si la vie devait être prise plus au sérieux. Comme si la mort était si proche qu’il fallait avant tout faire autre chose que de s’harnacher de rubans et de fanfreluches. On est chiant, quoi, en un mot.

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Faut des plombes pour être copain avec nous, on commence d’abord par être désagréable pour ensuite être attachant, et on préfère un truc noir qui va durer longtemps plutôt qu’un truc brillant qui va durer aussi longtemps. On est trop chiant.

Mais faut avouer que même en prêchant les chaussures dorées (ce que je fais à longueur d’année), ça ne me viendrait pas à l’esprit de m’enfiler une paire d’escarpins d’académicienne comme ça. Ça fait rêver qui les vieux croutons du dictionnaire ? (rhou la vilaine)

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Et puis plus profondément encore, cette différence se love dans notre rapport au corps, à la séduction et bien sûr à la sexualité. Ça n’a jamais rigolé les chaussures, elles disent tout. Les ricaines, elles sont zinzins de mules, c’est leur côté playmate puritaine.

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Dans un pays où l’on peut aller en prison pour avoir dragué à la machine à café, laisser son pied faire clap clap à la barbe des hommes, c’est une manière subliminale de communiquer entre corps non ? Un peu comme à la Belle Époque quand dévoiler une cheville revenait à mettre sa culotte sur la tête.

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Après, je dis pas, c’est joli hein. Ces petites sandales en léopard avec perles en rang de bananes, j’en ferai bien mon 4h.

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Et ces bottines rayées, mon dîner. (Note du Docteur : voyez cette légère courbe dans la rayure qui vient s’épaissir en arrivant à la semelle ? Une maestra optique.)

Mais bon, pour tout vous avouer, j’avais une tante qui disait que la soeur de sa mère avait eu une histoire avec le frère d’un gars qui avait vécu aux Etats-Unis, donc je dois avoir quelques gènes américains.

Love you all !



On a retrouvé Blanche-Neige

blanche-neige

– Esclave du miroir magique, accourt du plus profond des espaces, par les vents et les ténèbres, je te l’ordonne, parle !

– Que veux-tu ma Reine ?

– Miroir, gentil miroir, dis-moi dans le royaume qui est la plus belle ?

– Dame la Reine, vous êtes la plus belle mais Blanche-Neige l’est mille fois plus que vous.

– Quoi ! Tu n’as pas honte le Miroir, tu te prétends gen-til !

– Mais ma Reine, vous me l’avez demandée.

– Et quelles sont tes critères Môsieur Miroir ?

– Baaah, elle est bien plus jeune que vous ma Reine, non ?

– Ce que tes critères peuvent être old school mon pauv’ vieux, on rêve.

– AH, ce sont les critères habituels. Sinon, ses chaussures envoient du bois  ma Reine.

– Et non les miennes ?

– Carrément ma Reine.

– Alors ! Dis que nous sommes belles chacune à notre manière Miroir au lieu de nous mettre en rivalité depuis des siècles !

– J’aimerais ma Reine mais ce ne sont pas là les règles de ma société.

– Pour quelle société travailles-tu Miroir ?

– Je suis le reflet de la société des humains.

– Miroir, dis-leur qu’ils arrêtent de monter les femmes les unes contre les autres en les comparant sur des critères stériles. Dis-leur que les femmes ont bien mieux à faire. Dis-leur qu’on peut transmettre dans la joie, comme ici, devant toi, ma petite Blanche-Neige et moi.

Merci à Marieke et sa fille Lana croisées ce matin dans la rue des Abbesses. À leur inspirante complicité mère-fille !

(et hasard fabuleux, je les ai croisées le lendemain dans le Marais. La fille portait encore ces babies à faire tomber une gamine de 39 ans de son tabouret de bar, et la mère avait troqué ses mules contre une hallucinante paire de Santiags noires, grimpant haut sur la jambe) (de lointaines cousines, pour sûre).


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